Yamashita sur épicode
And I will
walk in the wild forest
walk in the wild forest
feat. @Sakaki Toru
Samedi 03 novembre. 07:45. Liëen était assis à même le sol, l’herbe et la terre plus exactement, et il pencha sa tête en arrière jusqu’à trouver le tronc auquel il était adossé. Il se trouvait en bordure d’un chemin en terre, derrière de simples barrières qui arrivaient toutefois à interdire l’accès à tous les véhicules. Encore un des nombreux mystères à éclaircir pour la DAT. Souriant aux ramures au-dessus de lui, il attendait paisiblement son apprentie, Sakaki Toru. Il lui avait donné rendez-vous quelques kilomètres au sud-est de Carcassone ( non loin de Montirat ), lui fournissant cordonnées GPS exactes, pour leur journée de randonnée et il l’attendait. Notre Ancien avait une sale manie d’avoir toujours trois quart d’heure d’avance. Chez lui, soit il était très en avance, soit en avance de quelques malheureuses minutes ou secondes, soit pile à l’heure, soit largement en retard – et il n’était jamais en retard lorsque son travail ou son honneur étaient impliqués. Enfin, il avait demandé à Toru de le rejoindre pour 08:30, elle avait largement le temps d’arriver. D’autant que le trajet durait au bas mot une heure et demi – à condition qu’elle forçât sur la vitesse et qu’elle ne regardât pas les panneaux de limitation de vitesse, justement. Pour sa part, notre Immaculé n’avait pas de véhicule ; il avait des recherches à superviser à Carcassonne la veille au soir… et il en avait profité pour mettre son fils sous étroite protection. La migraine monstrueuse qu’il avait eue moins d’une semaine auparavant avait suffi pour que notre Ancien fût particulièrement attentif à son état et ses besoins. Il n’avait qu’un seul fils et ne comptait certainement pas le perdre. Cela était exclu. Complètement exclu.
Un sourire serein étira ses lèvres et il expira longuement, un bras plié sur son genou – gauche – relevé tandis que sa jambe droite était pliée à même le sol. Sa main libre caressait des brins d’herbe sans les arracher et ses paupières demeuraient closes. Sa respiration était lente, profonde et excessivement ample ; il profitait simplement de l’harmonie du moment pour méditer, aux affûts du moindre soin, de la moindre brise, qui pourrait l’avertir de la venue de son apprentie. Il était habillé de ses vêtements amples aux multiples accessoires, sans parler des encore plus nombreux – mais néanmoins très subtils pour certains – accessoires ornant ses cheveux, et la capuche de sa fine veste ressemblant fort à une veste était sur sa tête et empêchait autrui de voir que ses yeux étaient fermés. Il resta ainsi longtemps, bien longtemps comme inversement, et il se redressa et épousseta ses vêtements exactement une minute avant que Toru ne se montrât. Il était alors adossé au même arbre, dans une position beaucoup plus nonchalante et décontractée, et ses mains étaient dans ses poches. Liëen sourit à Toru et inclina légèrement sa tête en signe de salutation, certes brève mais pas moins respectueuse et polie.
- « Toru. Ravi de te voir. Comment te portes-tu ? », s’enquit-il avec bienveillance.
Il se détacha de l’arbre en lui faisant un clin d’oeil complice et commença à s’enfoncer sans prévenir dans la forêt, à pas suffisamment lent pour rester près d’elle. Il ne tenait pas non plus à ce qu’elle se perdît dans cet amas d’arbres. Aussi spontanément qu’à l’accoutumée, il plongea son regard dans le sien.
- « J’espère que tu es bien chaussée et que ton endurance est au rendez-vous, nous en avons pour un moment. Si tu veux discuter de quoi que ce soit, je t’écoute Toru. », ajouta-t-il de sa voix douce et cristalline, d’un ton très spontané et… enjoué ? Peut-être.
Il écarta des fougères du sentier de terre pour se frayer un passage dans la végétation, prévint Toru avant de les lâcher afin qu’elle pût tenir les fougères ou se faufiler juste derrière lui. Notre Ancien mettait une touche d'honneur à ne piétiner ni champignons, ni certains végétaux au sol. Faisait-il ça au hasard, telle est la question. Hum ? Il s'éloignait du sentier ? Naturellement. Il n’avait pas la moindre intention d’emprunter le sentier.
Liëen n’aimait pas emprunter les sentiers battus.
Ni les chemins préparés.