« Hypnos ? Tu ne prends pas ta pause ? »

Le nommé jeta un coup d'oeil désintéressé à la pendule suspendue au-dessus de la porte de son bureau. Treize heures quarante-sept. Il n'avait plus le temps d'aller se chercher à manger.
Ou tout du moins, il aurait soit le temps de manger, soit le temps d'aller le chercher. Et en l'occurrence... il semblait bien parti pour n'exécuter ni l'un ni l'autre.

« Je sortirai plus tôt. »

Il mentait, comme à chaque fois qu'elle, précisément, venait le chercher. À croire qu'il aurait du s'en tenir à simplement la considérer comme une collègue un peu trop jolie.

« … Fais attention à toi. »

La douceur dans sa voix arracha à Hypnos un frisson désagréable et il se redressa souplement en referment le dossier ouvert sous ses yeux. Sans la moindre agressivité. Il n'avait pas de temps à perdre et elle le lui volait justement.
Sans le moindre regard dans sa direction, le brun retira alors calmement la blouse passée sur ses épaules, arrangea les plis de sa chemise afin de se rendre un peu plus présentable et la contourna silencieusement pour sortir de son bureau. Agaçante. Elle était tout bonnement agaçante. Mielleuse. Collante. Obstinée et, contre toute attente : possessive. Pourtant, il ne lui avait appartenu qu'une nuit.

« Je ne veux pas « jouer » dehors et je n’ai pas besoin de mes parents ! Je ne compte pas faire perdre leur temps à vos chercheurs ou les déranger, c’est pour ça que je veux prendre un putain de rendez-vous avec l’un de vos chercheurs en Neurosciences ! C’est trop compliqué pour vous ?! »

Hypnos ne tenta même pas d'étouffer la curiosité qui, l'espace de quelques secondes, éclaira l'indigo profond de ses yeux.
Il avait beau ne pas être à la DAT depuis longtemps, les agitations dans les couloirs n'étaient généralement causées que par quelques crétins amateurs de farces en tous genres ou par les cris plus ou moins hystériques de ses collègues lors de leurs pauses.
Là, en l'occurrence, l'amusement était tout autre.

« Maintenant vous allez vous mettre derrière votre bureau et me dire quand est-ce que je peux prendre rendez-vous avec l’un de vos chercheur en Neurosciences pour des renseignements sur une orientation de carrière sans que cela ne le dérange, en vous remerciant. »

Hypnos arqua un sourcil. Une orientation de carrière ? Alors qu'elle semblait tout juste entrer au collège ?
Encore planté devant son bureau, il secoua finalement la tête, dégageant son front de quelques épaisses mèches brunes dans le même mouvement et entreprit de sortir par la même entrée que celle que leur invitée bruyante bloquait. Elle était assurément trop jeune pour savoir de quoi elle parlait et, si elle semblait bien décidée à emmerder la secrétaire et le vigil – qui seraient sûrement virés dans les minutes qui suivraient – il ne doutait pas un seul instant du fait qu'elle abandonnerait à peine sa première année entamée. Écrasée par le poids du cursus qu'elle aurait entamé avec la même force que celle avec laquelle elle vint s'écraser contre lui, d'ailleurs.
Si le choc ne sembla pas spécialement le heurter, il eut tout de même le réflexe de la soutenir elle et fronça doucement les sourcils en descendant son regard sombre dans sa direction. Bruyante et imprudente. Elle cumulait les mauvais points, visiblement.

« Pardon… je ne voulais pas vous déranger... »
« C'est raté. »

Le calme de sa voix aurait presque pu laisser penser qu'il ne considérait pas la chose comme grave... probablement parce que c'était le cas.

« Oh non ! Excusez-moi, j'ai essayé de la faire partir mais elle ne veut rien entendre et-- »
« C'est ma cousine. » déclara simplement le brun en saisissant le poignet de la nouvelle venue pour... prendre une direction totalement opposée à celle de l'entrée.

Le gémissement surpris de la secrétaire derrière ne le fit même pas sourciller et il traîna calmement la jeune fille venue secouer les locaux de la DAT jusqu'à son bureau, sans se soucier de si oui ou non elle était d'accord avec cette idée.

« Si tu me fais perdre mon temps, c'est moi qui te mets dehors. »

Toujours le même calme. Et toujours le même sérieux. Il envisageait sérieusement de la sortir avec la force s'il le fallait, si elle insistait inutilement. Mais pour l'heure... elle le sauvait au moins de sa collègue collante et il n'avait rien de mieux faire.

« Je t'écoute. » 

Elle tressaillit au ton du brun, l’air coupable même si elle n’en démordrait pas, elle voulait son rendez-vous. Cependant, elle reconnu avec retard que faire autant de bruit n’était certainement pas une bonne idée pour les personnes qui travaillait et le chercheur avait tout à fait le droit de la réprimander.
Enfin, peut-être avait-elle une chance… il ne semblait pas furieux contre elle pour le moment.

▬  Oh non ! Excusez-moi, j'ai essayé de la faire partir mais elle ne veut rien entendre et-- 
▬ C'est ma cousine.

Elle ouvrit la bouche sous la surprise mais se gardant bien de dire quoi que ce soit, d’autant plus qu’il l’a saisissait par le poignet pour la faire entrer un peu plus loin dans le bâtiment alors elle n’allait pas s’en plaindre.
Une cousine… elle eut un léger sourire amusée. Elle devrait le remercier correctement après.

Ils entrèrent dans un bureau, peut-être le sien ?, et elle resta sagement à l’endroit même où il l’avait laissé, lissant une nouvelle fois les plis de sa robe en attendant qui lui donne la permission de parler. Elle n’était pas impolie que cela.

▬ Si tu me fais perdre mon temps, c'est moi qui te mets dehors.

Elle hocha la tête, silencieuse, pour lui montrer qu’elle l’avait bien comprit. Lui faire perdre son temps n’était absolument pas son but et si elle estimait que c’était le cas, alors elle partirait sans broncher cette fois.

▬ Je t'écoute.
▬ Merci… elle plongea son regard dans le sien avec autant de sérieux que de détermination. Je suis au lycée en filière scientifique et cela fait un an que je me renseigne sur le domaine des neurosciences. Je n’ai aucun soutiens de la part des professeurs qui estime que c’est trop compliquer ou autre fantaisie du genre mais je voulais en savoir plus… j’aimerais intégrer le C.R.S.I. Elle prit un instant de pause pour ne pas le saouler avec de longues phrases à la suite. Ce qui m’intéresse surtout c’est l’avancé des neurosciences dans la compréhension de l’autisme… je sais qu’il y a eut des progrès grâce à la biologie moléculaire, la génétique et la neuro-imagerie cérébrale… mais les informations sont compliquées à trouver pour une lycéenne… elle grimaça.

Et parfois un peu compliquer à saisir malgré un bon nombre de dictionnaires générals et spécialisés.
Elle ne trouvait que des informations générales qui ne l’aidaient pas et cela l’agaçait. Être prise constamment de haut… à croire que l’on avait pas le droit de savoir précisément ce que l’on souhaitait faire quand on avait son âge ! Ou alors elle n’était simplement pas dans le bon lycée…

▬ Je suis prête à travailler dur pour ça… je voudrais simplement une piste sur ce qu’il convient de faire pour atteindre cet objectif. C’est un domaine compliquer, mais je veux m’y investir ! Je peux changer de lycée pour un plus spécialisé s’il le faut mais pour le moment, je n’ai pas trouvé de section vraiment satisfaisante…

Elle s’arrêta là tout en l’observant, elle ne voulait pas l’agacer, seulement lui montrer qu’elle avait réfléchis et travaillé sur la question, que ce n’était pas seulement une lubie éphémère et qu’elle était bien déterminée à tout faire pour réussir.

L'explication qui découla de l'invitation d'Hypnos lui fit presque hausser les sourcils. Incrédule. S'il n'eut pas le culot de lui demander son âge, il nota tout de même dans un coin de son esprit qu'elle semblait remarquablement déterminée et croisa simplement les bras contre son torse, l'air de se plonger dans une intense réflexion. Elle savait ce qu'elle voulait et, quand bien même ses connaissances semblaient assez peu avancées, il avait appris avec le temps à ne pas se baser sur les apparences que pouvaient renvoyer les gens qui l'entouraient. Elle paraissait jeune mais l'assurance qui brillait au fond de ses yeux laissait clairement penser qu'elle était bien décidée à se lancer. Quitte à se casser la gueule, visiblement.
Alors la seule question qui lui traversa l'esprit fut également la seule qu'il daigna lui poser.

« Pourquoi l'autisme, précisément ? »

Le domaine était aussi vaste que l'étendue de l'autisme en lui-même.
Dépendamment des personnes, il revêtait une apparence totalement différente et aléatoire et Hypnos lui-même avait préféré mettre ce trouble psychologique de côté... pour l'instant. Trop de travail. Pas assez de résultats. Alors le fait qu'elle s'y penche était aussi curieux que profondément intéressant.

« Il n'y a pas de lycée spécialisé. » finit-il par trancher en se relevant de son bureau, contre lequel il s'était appuyé. « Mais tu peux éventuellement t'arranger avec le CMA pour y entrer en tant qu'assistante. »

Il ne décroisa ses bras qu'à cet instant, traversa la courte distance qui le séparait de la porte de son bureau pour la fermer et ne s'arrêta que lorsque son regard croisa celui du directeur de son département.

« … Tu tombes à point nommé. »

Le calme de sa voix tranchait presque totalement le profond intérêt qui y régnait et il tourna la tête en direction de sa bruyante invitée, pour la désigner.

« J'ai un nouveau dossier pour toi. »
« Plaît-il ? Pour de la neurologie ? »

La sérénité de sa voix endormit presque Hypnos. Presque.
Au lieu de quoi, il se contenta de simplement se décaler de la porte pour attraper sa blouse là où il l'avait précédemment laissée, opinant d'un vague mouvement de la tête en attendant la décision de l'immaculé.

« Ok. Hypnos, va manger ou je te colle la journée off pour qu'elle se familiarise avec le tout. »

La remarque lui fit à nouveau hausser les sourcils mais il ne broncha pas, bien conscient du fait qu'il y aurait forcément une suite à la menace – qui en était totalement une – qu'il venait de formuler.

« Je ne compte pas manger. »

Il regretta sa réponse dès l'instant même où il l'eut prononcée. Dès l'instant même où Liëen se tourna vers la nouvelle venue, en vérité.

« Fais-le manger, ensuite poses-lui tes questions. Et viens me voir au siège du CMA à 19h. »

Soupir. Il aurait du s'y attendre, non ?

« Ton prénom ? » demanda-t-il finalement alors même que son directeur s'éloignait déjà en direction de son laboratoire.

Non pas que l'idée de l'appeler « petite » le dérangeait, mais il avait un doute quant au fait qu'elle ne rechigne pas de son côté.  

Il l’avait écouter sans l’interrompre et elle lui en était vraiment reconnaissante. Elle n’avait pas l’impression d’être prise de haut ou comme une enfant mais bien comme une personne qui était capable de s’expliquer et cela représentait beaucoup pour elle. Restait à savoir si cela était suffisant et si son interlocuteur n’avait pas estimait sa présence comme encombrante ou une perte de temps, elle n’espérait pas.

▬ Pourquoi l'autisme, précisément ? 
▬ J’ai une sœur qui est autiste et à défaut de pouvoir soigner cela, j’aimerais améliorer sa vie de tout les jours et celle de ceux qui les entoure. Pour pouvoir expliquer aux autres qu’ils sont des personnes comme les autres et non des « erreurs ».

Ce ne serait peut-être pas une raison valable pour le chercheur ou une raison pour le long terme mais c’était la sienne. Pour elle, sa sœur avait était le déclencheur et ses propres recherches jusqu’à présent lui avait montrer que c’était réellement un domaine qui la passionnait. Pas seulement pour l’autisme mais aussi la totalité de ce domaine si large qu’était la neuroscience.

▬ Il n'y a pas de lycée spécialisé. Mais tu peux éventuellement t'arranger avec le CMA pour y entrer en tant qu'assistante.

Elle ne savait pas que c’était possible… et se félicitait vraiment d’être venu jusqu’ici. C’était précisément pour ce genre de chose qu’elle avait voulu parler à l’un d’entre eux.
Elle lui fit un sourire aussi doux que rayonnant.

▬ Merci !

Pour les renseignements et lui avoir accordé du temps et elle n’était pas du genre à oublier les personnes qu’il l’aidait, même si pour beaucoup cela ne représentait pas grand-chose. Elle faisait attention à tout, le pire comme le meilleur et s’appliquait à absolument tout garder en mémoire.
Cela pouvait toujours servir un jour.

Elle le suivit des yeux en le voyant traverser le bureau et se demanda un instant si cela voulait dire qu’elle devait prendre congé quand il apostropha une personne passant dans le couloir. Elle ne bougea donc pas de sa place, restant sage et les mains croisés devant elle. Contrairement aux apparences qu’elle donnait souvent, elle savait parfaitement où était sa place.

▬ Ok. Hypnos, va manger ou je te colle la journée off pour qu'elle se familiarise avec le tout. 

Elle pencha la tête sur le côté, un peu curieuse avant de s’approcher un peu mais suffisamment pour voir la personne qui était en train de parler. Elle avait bien le droit puisque apparemment ils parlaient d’elle. Donc, un grand homme avec des cheveux blanc… Était-il le responsable du service de neuroscience pour qu’on l’a présente ainsi à lui comme un dossier supplémentaire ?
D’ailleurs, elle nota mentalement le prénom de son bienfaiteur. Ce n’était pas le même nom que le dieux du sommeil ? Ou alors ce n’était pas son prénom mais un surnom ? Hum…

▬ Je ne compte pas manger.

Elle eut un léger sourire amusé, se retenant de rire. Elle avait eu raison de rester calme face à lui, il semblait avoir mauvais caractère quand il le voulait.

▬  Fais-le manger, ensuite poses-lui tes questions. Et viens me voir au siège du CMA à 19h. 

Ah ? Mais son supérieur semblait avoir plus mauvais caractère que lui !
Elle garda son sourire amusé et hocha la tête pour signaler qu’elle avait comprit avant de faire un léger mouvement de tête pour le remercier. Elle le ferait correctement quand elle le reverrait.

▬ Ton prénom ?
▬ Haniel, enchantée. Répondit-elle avec un sourire rayonnant de bonne humeur. Est-ce que je peux vous appeler Hypnos ou dois-je vous appeler Monsieur ?

Elle ne voulait absolument pas qu’il pense qu’elle était irrespectueuse. Mais elle aimait bien son prénom – si c’était vraiment le siens – et si ça ne l’était pas, elle le serait très vite également.
Quand on fait qu'elle ne lui ai pas donné son nom de famille... c'est qu'il ne lui avait pas demandé alors elle n'allais pas donné des informations qui pourraient l'agacer et ne pas l'intéresser.

▬ L’homme que l’on viens de voir… qui est-il ?

Il semblait vraiment jeune… et l’autre ne lui avait pas donnait de nom pour qu’elle puisse le retrouver ce soir.
19h… oups, il faudrait qu’elle pense quand même à appeler sa mère… déjà qu’elle était partie en douce. Même si sa mère lui faisait confiance, il y avait une certaine heure à ne pas dépasser. Mais elle ferait cela plus tard.

▬ Que souhaitez-vous manger ? Je suis bonne cuisinière si vous voulez. Dit-elle avec un léger air malicieux au fond des yeux malgré un sourire purement angélique.

On lui avait donné une mission et elle comptait bien l’accomplir et le fait qu’elle ne connaisse pas bien le brun ne l’empêcherait pas de l’ennuyer pour qu’il mange. Elle n’était pas du genre à se laisser facilement impressionner la preuve, elle était là.

« Haniel, enchantée. Est-ce que je peux vous appeler Hypnos ou dois-je vous appeler Monsieur ? »

La question eut le mérite de le faire réagir, légèrement. Un haussement de sourcils plus ou moins discret. Encore. Parce qu'il ne savait faire que ça, de toute façon. Il n'avait même pas prêté attention au fait que Liëen avait probablement laissé fuir son prénom... et il s'en fichait, de toutes façons.
Ses doigts ébouriffèrent distraitement ses cheveux, les désordonnant un peu plus au passage tandis qu'il se rasseyait à son bureau en rouvrant le dossier qu'il observait au préalable.

« Hypnos. »

Il avait un prénom, autant l'utiliser. Original certes, mais un prénom tout de même.
Le regard morne, Hypnos cala calmement son menton contre son poing et entreprit de minutieusement détailler celle qui finirait sûrement par au mieux devenir l'assistante de Liëen, au pire une prise de tête à lui coller, bien à lui, dans les pattes.
Elle avait le mérité de paraître plutôt calme, au moins. Et si elle l'embêtait trop il pouvait toujours l'enfermer dans son labo ou tout simplement l'ignorer.

« L’homme que l’on viens de voir… qui est-il ? »
« Le directeur du département. » lâcha Hypnos dans le plus grand calme et sans la lâcher des yeux. « Suüøniemison Liëen, probablement ton futur... mentor. »

Si tant est qu'il puisse réellement appeler ça de cette façon.

« Que souhaitez-vous manger ? Je suis bonne cuisinière si vous voulez. »

La question le fit légèrement tiquer et il ne détourna son regard qu'à ce moment pour observer son horloge, bien conscient de la capacité de Liëen à lui imposer une journée off s'il l'estimait nécessaire... simplement parce qu'il n'aurait pas mangé.
La perspective lui parut parfaitement ridicule. Et parfaitement plausible, compte tenu du concerné.

« … Pardon ? » demanda-t-il finalement en haussant – oui, encore – les sourcils.

Bonne cuisinière ? Depuis quand était-il question de lui préparer à manger ? Liëen avait évoqué le fait de le faire manger, pas spécifiquement de lui proposer un repas. Et puis, il n'en avait pas la moindre idée. Ses repas de midi se limitaient généralement à la carte de l'un des bistrots d'à côté et il n'allait jamais bien au-delà des déjeuners qui prenaient plus de quarante-cinq minutes à être préparés et consommés.

« Un steak, j'imagine. »

Il ne voyait pas quoi lui demander d'autre, en vérité. Un steak aurait le mérite de cuire vite, d'être nutritif et d'en plus s'avérer agréable au palais... pour peu qu'elle sache cuisiner.

« … Des pâtes devraient suffire. »

Est-ce qu'il remettait en doute ses capacités culinaires ? Totalement.

Elle attendit patiemment qu’il réponde à sa question puisque apparemment, il était partit pour reprendre son travail comme si elle n’existait plus. Pas qu’elle lui en voulait pour cela car il devait être occupé et que malgré ce que lui avait dit le directeur Suüøniemison, elle ne voulait pas le déranger ou lui faire perdre son temps.
D’ailleurs, même si elle avait plus ou moins deviné l’identité de l’homme, elle était quand même surprise de la tournure des choses. Elle ne s’était pas attendu à cela en venant jusqu’ici.

▬ ...Pardon ?

Elle ne répéta pourtant pas, estimant qu’il avait parfaitement entendu puisqu’ils étaient seul dans se bureau silencieux.
Avait-il pensé qu’elle n’allait rien faire jusqu’à dix-neuf heures ? Si elle acceptait qu’il ne lui montre pas les lieux et travaille, il était certainement pas question qu’elle le laisse se ruiner la santé en sachant qu’elle était en charge de le faire manger.

▬ Un steak, j'imagine.

Mais encore ? Parce que ce n’était ni assez nutritif, ni équilibré. Vraiment… elle allait finir par croire qu’elle ne lui avait pas encore suffisamment montrer comment elle était. Elle avait pourtant pensé qu’il l’avait comprit puisqu’il l’avait écouté…

▬ … Des pâtes devraient suffire.

Elle soupira tout en levant les yeux au ciel avant de le regarder de nouveau.

▬ D’accord j’ai compris, je me débrouille toute seule. Ne vous plaignez pas ensuite si ça ne vous plait pas !

Tournant les talons, elle ouvrit la porte du bureau avant de se retourner vers lui, le pointant du doigts.

▬ Vous ne bougez pas d’ici, je reviens dès que j’ai fini de tout préparer.

Puis sans lui laisser le temps de répondre, elle sortit tout en prenant soin de fermer derrière elle.
Courant dans les couloirs, elle ignora la secrétaire et le vigile pour aller à la supérette de coin, achetant tout ce qu’il fallait pour faire de bonnes lasagnes à la bolognaise. Puisqu’il lui avait parler de viande et de pâtes… elle espérait seulement qu’il aime la béchamel et la tomate sinon… et bien elle lui ferait manger quand même. Ça lui apprendrait à douter de ses capacités.

Elle se hâta de retourner dans les bâtiments, mettant que peut de temps à trouver la cuisine qui communiquait avec le grand hall. S’appliquant à la préparation et la cuisson et avec les courses, le tout mit finalement une heure. Mais puisqu’il n’avait pas eut l’air décidé à manger, elle estimait que cela ne devait pas être bien grave.
Une fois cela fait, elle prit le plat avec elle, récupérant deux assiettes – elle commençait à avoir faim – et de couvert avant de marcher précautionneusement vers le bureau de Hypnos où elle entrant sans frapper. Mais elle avait une bonne excuse pour ne pas le faire : celle de ne pas se brûler avec le plat.

▬ Faites de la place où je met tout sur vos dossiers, dit-elle d’un ton qui ne souffrait d’aucune protestation.

Elle était parfaitement capable de le faire.
Elle posa le tout sur le bureau donc, le plat sur le torchon qu’elle avait pris pour éviter d’abîmer le bureau et lui tendit une assiette et des couverts en le fixant du regard d’un air de dire : ne tentez même pas de ne pas vouloir manger ou je m’énerve et ferait en sorte que le directeur sache que vous n’avez rien mangé. Et si cela devait la desservir pour entrer travailler ici… tant pis, elle défoncerait les murs si les portes lui étaient fermés !

« Vous ne bougez pas d’ici, je reviens dès que j’ai fini de tout préparer. »

Hypnos ne lui prêtait déjà plus la moindre attention. Bruyante. Trop vivante et trop bruyante. Si ce détail ne suffit pas à briser son habituelle tranquillité, il ne put toutefois s'empêcher de penser qu'il risquait de se retrouver à vivre des journées mouvementées si Liëen avait la bonne idée de la lui coller dans les pattes et, indéniablement, la perspective le fit légèrement grimacer. Il n'avait rien contre un peu d'ambiance, puisqu'il savait se concentrer en dépit des multiples têtes qui défilaient dans son bureau à longueur de journées. Il aimait moins, en revanche, le fait qu'elle prenne autant à cœur le simple fait de le faire manger.

Détail sur lequel il ne s'attarda néanmoins pas plus et, préférant oublier l'existence de Haniel pour le moment, Hypnos se pencha de nouveau sur son dossier en reprenant minutieusement son étude à l'endroit même où il s'était arrêté.

Son horloge avait avancé d'une heure lorsque la petite silhouette de son invitée encombrante repassa le seuil de la porte de son bureau, lui arrachant un haussement de sourcil mi-surpris, mi-blasé. Elle n'était pas partie ? Il espérait au moins qu'elle aurait vu l'invective de Liëen comme une opportunité de fuite mais visiblement... non. L'initiative en elle-même n'aurait pas collé avec sa personnalité visiblement très déterminée, qui plus est.

« Faites de la place où je met tout sur vos dossiers. »

Il s'exécuta presque instantanément, peu ébranlé par l'ordre donné et pourtant pertinemment conscient du fait qu'elle avait totalement l'air d'être capable de mettre ses menaces à exécution. Il n'était ni impressionné, ni suspicieux. Simplement consciencieux.
Replaçant donc son dossier au sommet de la pile qui siégeait sur l'étagère derrière lui, Hypnos s'empara du plat qui lui était tendu sans prendre la peine de rechigner – puisqu'il n'en voyait pas l'intérêt – puis se servit de lui-même en notant le fait qu'elle lui avait réellement cuisiné du bœuf et des pâtes, d'une certaine façon.

Le détail lui fit curieusement incliner la tête mais il se contenta de commencer à manger sans plus de cérémonie.
La remercier ? Pour quoi faire ? Elle ne le faisait que parce que Liëen le lui avait ordonné, non ? Il n'avait pas besoin de gratitude face à un acte effectué sous le fait d'un ordre.

« Mh... Tu es effectivement bonne cuisinière. » releva-t-il toutefois comme s'il lui annonçait la couleur du soleil.

Il n'avait rien à perdre à être franc. De toutes manières, elle le prendrait comme elle le voudrait et, sur cette pensée, Hypnos cala sa fourchette dans sa bouche afin de se pencher sur l'un de ses tiroirs les plus bas, pour rapidement y fouiller.

« Je ne peux pas te faire visiter les labos parce que tu ne travailles pas ici. » Il sortit alors un attaché-case plus ou moins épais, débordant de papiers pourtant minutieusement organisés et le posa sur l'un des coins de son bureau avant de brièvement la regarder. « C'est un résumé détaillé de la plupart des points essentiels abordés dans un cursus de neurosciences. »

Il se garda d'ajouter un « Débrouilles-toi avec ça. », puisqu'il n'y voyait pas le moindre intérêt. Il en avait déjà bien assez dit et, estimant qu'il n'avait rien de plus à ajouter, Hypnos envisagea de plus convenablement se mettre à manger. Il envisagea, oui. Parce que la soudaine ouverture de la porte de son bureau, elle, sembla lui démontrer le contraire, et s'il ne cilla pas lorsqu'il reconnût le visage de sa collègue précédemment venue le chercher, il eut un certain mal à ne pas avoir envie de tout bonnement l'assommer.

« Hypnos, je t'ai apporté à mang-- … » Son regard s'arrêta sur Haniel et elle fronça les sourcils en posant le repas qu'elle avait apporté sur la console proche de l'entrée. « C'est ta nouvelle mascotte ou tu les prends au berceau, maintenant ? »
« Demandes lui. »

Elle commençant donc à manger, s’appliquant à souffler sur sa portion pour ne pas se brûler et tout en prenant un soin particulier à observer Hypnos du coin de l’oeil pour voir sa réaction. Elle espérait vraiment qu’il aimerait quand même malgré ce qu’elle voulait bien penser.

▬ Mh... Tu es effectivement bonne cuisinière.

Elle lui répondit avec un grand sourire radieux, hochant la tête pour le remercier tout en gardant le silence. Ce n’était pas la peine de se perdre en discussion veine, même si elle aurait bien aimé en apprendre un peu plus sur le brun. Mais elle avait l’impression qu’il n’accepterais pas ses questions si elles ne concernaient le travail et que si elle voulait en apprendre plus sur celui qui l’avait aidé, elle allait devoir simplement bien observer.
Ce n’était pas grave, elle acceptait le défis.

▬ Je ne peux pas te faire visiter les labos parce que tu ne travailles pas ici. C'est un résumé détaillé de la plupart des points essentiels abordés dans un cursus de neurosciences. 
▬ Merci beaucoup, répondit-elle avec sérieux avant de regarder le dossier d’un air pensif et aussi excité.

Elle avait tellement hâte d’en découvrir plus ! Elle allait tout faire pour se montrer digne de la chance qu’on venait de lui offrir. Elle était certaine de pouvoir y arriver même si elle ne prenait rien pour acquis.
La porte la sortie de ses pensées et elle jeta un regard intrigué à la nouvelle venue. Et bien, ça c’était de la… femme.

▬ Hypnos, je t'ai apporté à mang-- … C'est ta nouvelle mascotte ou tu les prends au berceau, maintenant ? 
▬ Demandes lui. 

Elle reposa son assiette tranquillement sur le bureau, prenant un air neutre mais donc la position bien droite lui donnait presque des airs de princesse supérieure.

▬ Nous sommes fiancés… et couple libertin très ouvert. Pourquoi, avez-vous un problème avec cela ? Je vous préviens que nous ne prenons aucun réclamation si vous êtes tombés enceinte de lui. Expliqua-t-elle de manière aussi hautaine que suffisante.

Elle se retourna vers Hypnos, s’essuyant la bouche avec grâce avant de saisir le document qu’il venait de lui donner puis leva les yeux vers le brun.

▬ Je ne veux pas m’immiscer dans tes conquêtes mais… les blondes à forte poitrine et auto-suffisante ont le don de me stresser. Si tu pouvais taper plutôt dans les brunes ou les rousses… Continua-t-elle d’une voix aussi calme que posée.

Puis elle leva le dossier devant ses yeux, délaissant son assiette pour commencer à lire avec attention ce qui était noter dessus, un léger froncement de sourcil prouvant sa concentration. Oui, après cela, elle était totalement passé à autre chose, ignora la blonde et ne sachant même pas si elle était encore présente ou partie. Du moment qu’elle n’était plus dans son paysage et qu’elle venait plus l’agacer… même si ce n’était pas elle qu’elle avait voulu ennuyer au début.

Hypnos n'observa que du coin de l'oeil le début d'échange entre sa collègue et Haniel, aussi intéressé que tout particulièrement curieux. Si l'allure que la jeune fille changea brusquement, ce fut néanmoins ce qui suivit qui le fit brusquement réagir.

« Nous sommes fiancés… et couple libertin très ouvert. Pourquoi, avez-vous un problème avec cela ? Je vous préviens que nous ne prenons aucun réclamation si vous êtes tombés enceinte de lui. »

Un rire. Simple, discret, presque imperceptible, mais un rire quand même, qu'Hypnos tenta d'étouffer en ramenant le dos de sa main contre sa bouche. Il s'était attendu à approximativement tout : qu'elle s'énerve, qu'elle l'insulte, qu'elle l'envoie cordialement se faire voir, qu'elle lui envoie son assiette dans la figure. À tout – ou presque – donc, mais assurément pas à ça.

« Je ne veux pas m’immiscer dans tes conquêtes mais… les blondes à forte poitrine et auto-suffisante ont le don de me stresser. Si tu pouvais taper plutôt dans les brunes ou les rousses... »
« C'est une revanche. » répondit-il avec nonchalance en haussant les épaules.

Derrière eux, la blonde – nommée Léa s'il s'en rappelait bien – fronça les sourcils au-dessus de ses deux immenses yeux gris enveloppés de maquillage et Hypnos soupira, discrètement. Elle n'était pas enceinte, elle était juste chiante. Possessive, collante et chiante. Et Dieu seul savait comme il aurait presque préféré qu'elle soit enceinte ; un chèque et elle lui aurait foutu la paix.

« Elle se fout de moi ? »
« Elskan, tu te fous d'elle ? »

Son ton n'adoptait pas la moindre tendresse, pas plus que le regard qu'il déposa sur Haniel juste après, mais puisqu'elle lui donnait l'opportunité de se débarrasser d'un poids, il n'allait sûrement passer à côté. Et Léa semblait tout particulièrement passionnée d'Islandais, dernièrement.

« Enfin... tu sais bien que je ne suis pas comme ça depuis le temps que nous sommes ensemble. »

La réponse parût amplement le satisfaire et, l'air aussi neutre que d'ordinaire, Hypnos releva son regard indigo en direction de sa collègue que la rage avait rendue rouge. Amusant, s'il avait été quelqu'un d'autre.

« Je te présente ma fiancée. »

Il ne doutait pas le moins du monde du fait que, si le regard avait pu tuer, elle l'aurait pulvérisé sur l'instant. Mais puisque ce n'était pas le cas, Hypnos récupéra calmement sa fourchette et attendit, simplement, la fin de cette brève altercation en recommençant à manger.

« Va te faire foutre. Je vais te foutre un procès au cul pour détournement de mineurs. »

La menace ne parut pas l'ébranler et, si elle attendit quelques secondes d'obtenir la moindre réaction de sa part, Hypnos se contenta de simplement retirer des mains d'Haniel le dossier qu'elle avait commencé à lire pour l'inciter à elle-même reprendre son déjeuner.

Le claquement violent de la porte de son bureau marqua le départ de Léa et il ferma les yeux un bref instant avant d'un peu plus confortablement se caler dans son siège. Tiens, maintenant qu'il y pensait...

« Ton âge ? »

Elle ne s’était pas laissé déstabilisé par le léger rire du brun et avait continué sur sa laçant, ne pensant pas une seule seconde qu’il pourrait le prendre mal. S’il avait eut peur de sa réponse ou de se froisser avec la blonde, alors il ne lui aurait pas proposer de s’expliquer après tout, non ?
Quand à la relation qu’elle leur avait soudainement crée, elle n’y aurait même pas pensé si l’inconnue n’avait pas commençait à l’attaquer sur se terrain, semblant voulant régler ses comptes avec le brun tout en l’incorporant à une situation qui ne la regardait pas. Elle détestait le genre de personne qui faisaient du mal à tous pour se venger. Non, pour se venger il fallait être plus précis que ça et non brouillon de la sorte.

▬ C'est une revanche.

Elle leva les yeux au plafond, théâtralement, tout en appuyant cela d’un geste de la main. Elle avait toujours adoré le théâtre et ont lui disait souvent qu’elle savait très bien jouer. Inutile qu’elle en profitait donc contre ceux qu’elle n’aimait pas.
Oui, elle adorait vraiment jouer aux dépends de ceux ce croyant tout permis et acquis.

▬ Elle se fout de moi ?

Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres mais elle ne répondit pas, jetant un regard à Hypnos par-dessus son dossier.

▬ Elskan, tu te fous d'elle ?

Gardant son sourire amusée – et elle pouvait puisque la blonde ne pouvait pas voir son visage puisqu’elle ne daignait pas se tourner vers elle – elle prit un ton mi-outrée, mi-indignée face à l’accusation.

▬ Enfin... tu sais bien que je ne suis pas comme ça depuis le temps que nous sommes ensemble.
▬ Je te présente ma fiancée.

Elle devait reconnaître que le brun jouait bien lui aussi et cela lui prouvait également qu’il ne lui en voulait pas pour cette partie. Cette femme l’ennuyait-elle donc autant ? Probablement sinon il ne l’aurais pas invité à totalement s’en mêler. Il ne semblait pas être du genre à intégrer les gens dans ses affaire si elle en jugeait par l’air neutre et stoïque qu’il arborait encore.
Mais elle l’avait entendu rire… dommage qu’à ce moment là elle fut tourné vers la blonde.

▬ Va te faire foutre. Je vais te foutre un procès au cul pour détournement de mineurs.

Tiens… ça non plus elle n’y avait pas pensé. Elle se concentra donc de nouveau sur son dossier. De toute manière, si elle n’y avait pas pensé c’était tout simplement parce que cela n’avait aucune portée et qu’il n’y aurait aucune preuve puisque c’était tout simplement faux.
Le dossier lui fut retirer et elle regarda le coupable d’un air scandalisé tout en gonflant les joues, clairement boudeuse. Mais en même temps, l’odeur des lasagnes revenant à elle… et donc sa faim. Oui, chaque chose en son temps… mais quand même… elle récupéra son assiette tout en continuant de le fixer en boudant. Plus pour la forme qu’autre chose.

La porte claque mais elle l’ignora, elle avait déjà recommencé à manger et c’était bien plus intéressant.

▬ Ton âge ?
▬ Quinze ans, dit-elle détaché comme si ça n’avait aucune importance – mais elle estimait que ça n’avait pas – et son sourire taquin et joueur réapparut. Il paraît que c’est l’âge légal en Afrique.

Pas qu’elle comptais se marier bien au contraire, ça ne l’intéressait pas et en plus, elle aurait bien du mal car elle n’était jamais sortie avec personne… bien trop occupé à envoyait paître ceux qui pensait pouvoir faire d’elle sa chose.

▬ Hum… en quel langue est « Elskan » ?

Inutile de préciser qu’elle n’avait pas compris le mot. Mais sur le moment, elle n’avait pas vraiment pu lui demander sinon, cela aurait anéantis toute la mise en scène.

▬ C’est vraiment une de vos collègues ? Demanda-t-elle sceptique. Elle fait des recherches dans quoi ?

Il ne fallait pas juger un livre à sa couverture mais la femme semblait bien plus intéresser par… ses fesses et celles de son collègue – apparemment – que par son travail car dans le cas contraire, elle aurait attendu d’être en privé pour faire une scène et non sur le lieu de travail.

« Quinze ans. Il paraît que c'est l'âge légal en Afrique. »

Il allait décidément de surprises en surprises.

« … Ça l'est, oui. »

Il n'avait pourtant pas évoqué le fait qu'il venait d'Afrique, et son accent tenait bien plus du Britannique que de l'Africain puisqu'il avait parlé Anglais la majeure partie de sa vie, avant d'apprendre le Swahili. La coïncidence était tout simplement inattendue. Pas spécialement étonnante, mais bel et bien inattendue.

« Hum… en quel langue est « Elskan » ? »

Hypnos haussa les épaules. Simplement. Engloutît une nouvelle bouchée de lasagnes et attrapa le dossier qu'il lui avait retiré juste avant pour vérifier qu'un quelconque lien avec ses origines n'y figurait pas.
Rien.
Elle avait vraiment joué la carte du hasard et, pour le coup, il ne pouvait pas nier son incrédulité.

« C’est vraiment une de vos collègues ? Elle fait des recherches dans quoi ? »
« « Chérie » en Islandais. » répondit-il sans le moindre tact avant de reposer calmement le petit tas de papiers. « Et elle l'a compris. »

Elle ne serait pas embarrassée de toute manière, non ? Son petit manège précédent prouvait très clairement qu'elle ne semblait pas mal à l'aise avec ce genre de choses et il n'était, dans tous les cas, pas dans les habitudes d'Hypnos de prendre des baguettes. Avec qui que ce soit.
S'il était question de jouer, il jouerait. Et s'il fallait qu'il prétende être fiancé à une adolescente de quinze ans pour qu'on lui fiche la paix lorsqu'il le voulait, il n'allait pas s'en priver.

« Neuropsychologie. » précisa finalement le brun en glissant un petit coup d'oeil à son interlocutrice. « Pour aussi chiante qu'elle n'y paraisse, elle est remarquablement efficace. »

Il était moins persuadé, en revanche, qu'elle fasse long feu dans le service. Liëen n'aimerait assurément pas entendre parler de cette histoire... mais rien ne lui disait qu'il la virerait non plus, vu qu'elle savait comment bien travailler. Et pas que travailler, d'ailleurs...

« Tu pourrais être amenée à travailler avec elle, si tu n'as pas de chance... Elle est possessive mais si elle croit à cette histoire elle devrait te foutre la paix. »

Elle fit la moue alors qu’elle le voyait prendre le dossier qu’il lui avait dérober pour… y chercher quelque chose ? Elle ne savait pas mais en tous cas, il avait intérêt de vite le reposer pour finir de manger ou elle irait lui piquer à son tour…
Heureusement, il l’avait reposé rapidement et elle continua donc à manger sagement, posant tout de même la question qui lui était restait en tête.

▬ « Chérie » en Islandais. Et elle l'a compris.
▬ Oh, c’en est presque mesquin… rit-elle à moitié.

Si elle n’y était pas allé avec le dos de la cuillère dans sa petite position en ignorant la moitié de la situation, lui avait été pire qu’elle. Mais elle en éprouvait aucune gêne ou remords et c’est pour cela que l’explication l’avait faite rire. Parce que la femme ne pouvait s’en prendre qu’à elle pour étaler la vie privé des gens devant des inconnus.
Et elle se fichait éperdument de ce que faisait le brun de sa vie privé peut importe de quoi il pouvait bien s’agir. Elle n’était pas là pour ça en plus du fait que le sujet ne l’intéressait pas.

▬ Neuropsychologie. Pour aussi chiante qu'elle n'y paraisse, elle est remarquablement efficace. Tu pourrais être amenée à travailler avec elle, si tu n'as pas de chance... Elle est possessive mais si elle croit à cette histoire elle devrait te foutre la paix.
▬ Je n’y voit pas de problèmes, dit-elle dans un sourire assuré. Et si cela ne lui avait pas suffit, je sais parfaitement me défendre… mais je préférerais qu’elle me laisse travailler en paix, précisa-t-elle amusée.

Elle n’avait pas l’envie de jouer à elle-ne-savait-exactement-quoi avec une collègue. Du moment qu’elle faisait son travail, elle ferait également le sien et serait plus que ravie de pouvoir échanger avec elle tout en oubliant ce qui venait de ce passer dans ce bureau à l’instant.
Elle finit son assiette en deux bouchées supplémentaire avant de le caler dans un coin du bureau où cela ne gênerait pas dans l’optique d’aller tout remmener en place une fois que le brun aurait terminé à son tour. Puis, après s’être essuyé les mains et la bouche, elle reprit angéliquement le dossier avec un sourire amusé avant de se rasseoir correctement pour continuer sa lecture.

▬ Hum… vous faites des recherches dans quoi précisément, si ce n’est pas indiscret ?

Elle était curieuse et voulait vraiment savoir, elle trouvait que c’était le meilleur sujet duquel parlé même pour faire connaissance mais elle ne voulait pas non plus trop le déranger ou qu’il pense qu’elle était… curieuse dans le mauvais sens du terme. Certaines recherches était classé secret pour éviter les fuites ou les faux-espoirs et elle en avait conscience alors elle n’insisterais probablement pas. Puis…
Un « o » se forma sur ses lèvres avant qu’elle ne fasse un sourire gêné.

▬ J’ai… pas prévenu ma mère que je venais ici… est-ce que je pourrais utiliser votre téléphone fixe ?

Parce que sa tranquilliserais sa mère qu’elle appel depuis un endroit précis plutôt qu’avec son portable où elle pourrait être n’importe où. Par contre, il espérait qu’il ne la sermonnerait pas… surtout en apprenant qu’elle habitait à quatre heures de train et qu’elle n’avait prévenue personne… mais au moins elle n’avait pas mentis en disant qu’elle avait oublié ou autre chose du genre.
En plus, elle n’était pas sûr d’avoir un train ce soir après le rendez-vous avec le directeur de la section…

Elle n'y voyait pas de problème ? Parfait. Léa risquait déjà de lui prendre la tête à lui, il n'avait pas la moindre envie de devoir supporter les crises de nerfs d'une adolescente en prime. Quand bien même l'adolescente en question semblait bien plus mature que la principale responsable de tout ce... bordel.

« Liëen la virera, si elle nuit au travail de qui que ce soit. »

Alors pourquoi est-ce qu'il ne l'avait pas encore virée, d'ailleurs ? N'était-elle réellement aussi insupportable qu'avec lui ? Il avait beau ne pas réellement lui prêter d'importance, Hypnos avait fini par se dire qu'elle agissait de cette façon avec sûrement la plupart des hommes du service. ... Non ?
Il inclina la tête avant de simplement entreprendre de terminer son assiette, peu désireux d'accorder plus de temps à l'exécrable parasite que pouvait être sa collègue, lorsqu'elle ne travaillait pas.

« Hum… vous faites des recherches dans quoi précisément, si ce n’est pas indiscret ? »

Il ne répliqua tout d'abord pas, glissa légèrement à l'aide sa chaise pour attraper le dossier qu'il avait précédemment posé derrière lui puis le posa sur un coin de son bureau avant d'en attraper un autre. Bien plus complet. Il ne comptait pas le lui faire lire mais elle venait soudainement de lui rappeler qu'il en aurait probablement besoin, lorsqu'il reprendrait.

« Actuellement, sur les troubles de la personnalité antisociale. J'ai étudié l'autisme pendant un certain temps mais j'ai fini par m'en désintéresser. »

Il s'affaira alors à terminer son propre plat, rapidement. Il avait déjà laissé couler assez de temps et celui qu'il ne consacrait pas à son travail, il l'estimait comme tout simplement perdu.

« J’ai… pas prévenu ma mère que je venais ici… est-ce que je pourrais utiliser votre téléphone fixe ? »
« … Mh. » répondit-il sobrement en lui désignant le combiné posé sur un coin du bureau.

Combiné qu'il n'utilisait d'ailleurs jamais pour la toute simple et bonne raison qu'il évitait tout particulièrement les appels inutiles des trois quarts de ses collègues. S'ils avaient besoin de lui, ils se déplaçaient ou ils le faisaient appeler. Et au mieux, ils demandaient au plus doué avec un ordinateur de faire apparaître un charmant « Bouges ton cul, on a besoin de toi. » sur son moniteur.

« Lorsque tu auras fini, rejoins-moi dans la cuisine. »

Sur ces mots, Hypnos se redressa sans plus lui prêter d'attention puis récupéra leurs deux assiettes afin d'entreprendre de les amener à laver. Un café au passage ne serait absolument pas de refus, d'ailleurs. Il avait beau ne pas aimer perdre de temps, il pouvait au moins profiter d'un énergétique lorsqu'il la ferait visiter.

La virer… elle avait hoché légèrement la tête, pensif. Elle ne voulait pas créer de problème à qui que ce soit, d’autant plus qu’elle faisait son bien son travail d’après Hypnos et qu’elle n’avait pas à créer d’ennuis. Encore plus qu’elle ne savait pas si elle pourrait travailler ici un jour.
Enfin, cela ne voulait pas dire qu’elle ne se défendrait pas si on venait la chercher.

Ne voulant pas réfléchir d’avantage à cette personne et préférant faire connaissance avec celui qui lui avait permis d’être ici, elle lui demanda quelles recherches il faisait. Il ne répondrait peut-être pas mais elle ne voyait pas lui poser des questions sur des banalités pour faire connaissance. Déjà parce qu’elle ne se soucierait que peu de la réponse mais en plus, cela ne semblait absolument pas être du genre du brun de répondre sur sa vie privée.

▬ Actuellement, sur les troubles de la personnalité antisociale. J'ai étudié l'autisme pendant un certain temps mais j'ai fini par m'en désintéresser.

Il l’observa un moment, penchant la tête imperceptiblement sur le côté comme pour mieux mémoriser. Elle penserait à se renseigner sur ce sujet ainsi, elle pourrait lui poser d’avantages de questions à ce sujet la prochaine fois – car il y aurait forcément une prochaine fois d’après elle – et que tout l’intéressait.

Ce souvenant d’un détail qui pourrait possiblement causé sa mort ou la mobilisation de l’armée, elle demanda si elle pouvait emprunter le téléphone pour avertir sa mère et lui fit un grand sourire tout en le remerciant alors qu’elle lui désignait.
S’il vérifiait le numéro plus tard, il pourrait sûrement reconnaître celui d’un diplomate. Mais encore fallait-il être auprès du milieu. Récupérant le combiné, elle composa donc le numéro rapidement.

▬ Lorsque tu auras fini, rejoins-moi dans la cuisine. 
▬ J’en ai pour cinq minutes, dit-elle en faisant un mouvement de tête pour lui faire comprendre qu’elle avait comprit.

Comme prévu, la discussion fut de courte durée, sa mère étant une personne très occupé et elle raccrocha avant de se lever, réarrangeant sa tenue pour se rendre en direction de la cuisine, croisant… Léa ? Ou un truc comme ça, dans le couloir.
L’air suffisant de la femme l’ennuyant et elle se retint de justesse de lever les yeux au plafond.

▬ Il a autant de femme que de jour dans une année, il joue simplement avec toi. Une fillette sans aucun charme !
▬ Cela me convient parfaitement, répondit-elle avec aplomb et un sourire polie.

Sûrement parce qu’il l’avait entendu, le brun sortit de la cuisine et elle en profita pour se mettre devant lui, attrapant sa cravate pour l’attirer vers elle - c’était qu’il était cruellement grand par rapport à elle – et l’embrasser sur les lèvres.
Le lâchant avec douceur et un sourire tout en le regardant droit dans les yeux, ce n’est que quand elle entendu une insulte proféré à voix basset et un claquement de porte qu’elle partie dans un grand rire, reculant d’un pas.

▬ Pardonnez-moi, c’était vraiment trop tentant !

Elle lui lança tout de même un regard d’excuse, s’éventant de sa main pour calmer son rire.
Elle savait bien que la réaction était puéril mais le comportement de celle qui était sensé être adulte par rapport à elle l’avait fortement agacé. AU moins, elle espérait sincèrement qu’elle la laisse tranquille à présent.