Un lueur joueuse dans les yeux, je dépassai les deux files pour me diriger vers l'entrée des artistes, sachant que mon stand était ouvert à partir de dix heures et que j'avais une conférence dans l'après-midi. Aux alentours de quinze heures jusqu'aux alentours de seize heures. J'allais donc me signaler à l'organisation qui me conduisit à mon stand, passant par les différents halls présentant monts et merveilles. Dites donc, serait-ce un Artikodin en peluche que je voyais là... ? Et grandeur nature en plus ! Il fallait que je vois s'ils avaient fait la même chose avec Suicune cet après-midi. Le mieux serait avant la conférence. Une fois derrière le stand, avec les affiches sur lesquelles j'allais laisser un mot ainsi que mon autographe de sortie, je m'assis en mettant mon sac sur mes cuisses tout en remerciant l'homme qui m'avait guidé jusqu'ici. Je m'emparai de mon stylo plume ainsi que de quelques aquarelles puis je levai la tête. Mon stand n'ouvrait qu'à dix heures, j'avais encore une heure devant moi.
En souriant, je me levai pour aller profiter de la convention et prendre un en-cas. C'était fou que de se rendre compte à quel point rencontrer des gens qui m'étaient inconnus et qui me connaissaient un tant peu fût-il pût être aussi éreintant... Deux jeunes femmes m'interpellèrent et j'allais naturellement vers elles.
- « Mesdemoiselles.
- Vai, je suis tellement contente que tu sois venu !
- So am I, young ladies. »
Elles me sourirent en entendant mon anglais sans accent, un sourire que je leur rendis avec joie.
- « Tu n'es pas à ton stand ?, demanda la deuxième.
- Not yet. Il n'ouvrira qu'à dix heures, où je me ferais un plaisir de discuter avec vous deux.
- J'imagine que tu comptais profiter un peu de la convention avant ?
- How clever of you. », répondis-je sur un clin d'oeil, sans aucune trace de moquerie dans ma voix.
Elles me saluèrent donc, me promettant de venir à mon stand, et je me promenais dans les différents axes, essayant de rejoindre l'endroit où j'avais vu la peluche d'Artikodin. Mes gestes étaient aussi gracieux et lumineux qu'à l'accoutumée, délicate danse qui m'était naturelle. Du moins était-ce là ce que mes parents me répétaient, que j'avais toujours eu des mouvements aqueux, fluides, d'une magnifique légèreté. Roulant adroitement entre les personnes, je fis quasiment un tour pour éviter quelqu'un sur le point de me bousculer et je le rattrapai en passant un bras sur son buste pour l'aider à se redresser. ... je la rattrapai.
Cela m'arrivait souvent en convention, du fait de l'afflux de monde et du fait que tout le monde ne devinait pas forcément que j'étais sur rollers lorsque j'avançai lentement mais je m'étonnai que ça m'arrivât aussi rapidement.
- « Pardon, je suis vraiment navré. Tu n'as rien, j'espère ? », m'enquis-je.
Je me mordis légèrement la lèvre ; que je fusse en train de chercher un endroit ne devait pas m'empêcher de me rappeler que les lieux étaient infestés de gens. Il fallait que je m'en souvinsse. La belle gaffe, quand même... Je m'éloignai légèrement dès qu'elle fût remise sur ses pieds, ne souhaitant aucunement piétiner son espace vital sans pour autant lui donner l'impression qu'elle était une pestiférée - ce qu'elle n'était certainement pas.